Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/175

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 ROY ALLANT PICARDIE

Les malheurs que le ciel a versé en son ire,
Sur les belgiques champs soubmis à vostre empire,
Depuis que le destin vous les fist esloigner,
Pour aller autre part d’autres palmes gaigner,
Et les heureux succez dont les flots de la Saone
Vous ont veu sur leurs bords replanter vostre thrône,
Grand roy, nous ont monstré par des faits plus qu’humains,
Que tout l’heur de la France est enclos en vos mains :
Que Dieu ne luy depart une seule victoire,
De qui vostre valeur ne s’acquiere la gloire :
Que sans vous les conseils plus sagement donnez
Produisent des effects du tout infortunez :
Et qu’aux lieux où reluit vostre auguste presence
L’heur rend l’audace mesme un effect de prudence.
Maint endroit que le sang et les pleurs ont baigné
Assez par cy devant nous l’avoit tesmoigné ;
Mais ces derniers succez où la chance des armes
À nos champs de triomphe a meslé quelques larmes,
Nous l’ont plus que jamais gravé dedans le cœur,
D’un traict dont nul oubly ne se rendra vainqueur.
Quelle ame n’admira l’heur de vostre fortune,
Quand Arques et les champs qu’il oppose à Neptune,
Vous veirent d’un si brave et si vaillant effort,
Rompre tous les filets tendus pour vostre mort,
Vous sauvant d’un orage et d’un peril extrême
Au travers du peril et de l’orage mesme ?