Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/186

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Rendus par sa deffaitte à jamais memorables.
J’oy dés ceste heure mesme, ou bien je pense oüir,
Et Somme, et Sainct Quentin bruyans s’en esjoüir,
Aises de voir vanger sur l’audace ennemie,
Du jour de Sainct Laurens la perte et l’infamie :
Et pense voir Dourlens, que ce tygre estranger
Dans le sang des francois nagueres fist nager,
Essuyer de son cœur les miserables larmes,
Quoy qu’il gemisse encor sous l’orgueil de ses armes.
Allez, sire, allez donc, Dieu luy-mesme est pour vous :
La faveur de son bras vous couvrira des coups :
Allez l’unique autheur de nostre delivrance,
La terreur de l’Espagne, et l’espoir de la France,
Le conquereur de Gaule entre mille hazars,
Et, sinon le premier, le second des Cesars :
Allez, voyez, vainquez : dardez sur leur armee
La flamme vengeresse en vostre ame allumee :
Soyez de ces cruels le fatal punisseur,
Et pour d’autres vaincus gardez vostre douceur.
Allez favorisé des publiques auspices,
Assisté de l’effect des plus saincts sacrifices,
Secondé de vostre heur et suivy de nos vœux,
Porter l’ire du ciel et l’espandre sur eux,
Qu’on ne vous conte point les appareils de guerre
Qui font sous leur orgueil trembler toute la terre,
Sinon pour vous monstrer combien l’heur du destin
Appreste à vos soldats un glorieux butin :
Car vous les deferez d’une fin memorable
Si vous ne cessez d’estre à vous-mesme semblable,
Vous de qui les lauriers couvrent de toutes parts
Le tragique eschaffaut des sanglans jeux de Mars.

DISCOURS CONF.