Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/192

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 grand prince, et du courage mesme
Qui t’a si vaillamment sauvé ton diadême,
Defens celuy de Christ, secondant des effets
Les vœux que pour ta France incessamment je fais
Au poinct le plus sacré du plus sainct des mysteres,
Baignant mes tristes yeux de cent larmes ameres.
Si tout bruslant de zele envers la pure foy
Ton ame a soin de Christ, il aura soin de toy.
La vaillance des rois n’est que vent et fumee,
S’ils n’ont la pieté dedans l’ame imprimee :
Toutes deux font les grands regner en divers lieux,
Mais l’une c’est en terre, et l’autre dans les cieux.
Ainsi pense-je ouïr (prince illustre en clemence)
Ce grand pasteur Clement vous dire en son silence :
Puis remply de l’esprit venant du sainct des saincts,
Benir et vostre sceptre et vos justes desseins.
Le ciel de qui la grace aux bons rois est propice
D’un soucy paternel ses souhaits accomplisse :
Octroyant à nos jours, apres tant de malheurs
Qui ne nous ont appris qu’à souffrir des douleurs,
Le bien qui dés le jour qu’on vous veit sans feintise
Vous prosterner aux pieds du grand chef de l’eglise,
Obscurement predit, ardamment desiré,
Fut plus craint des mauvais, que des bons esperé.

SUR TRESPAS RONSARD

Quand l’esprit de Ronsard de son corps dévoilé,
Comme venu du ciel, au ciel fut revolé,
La France qui pensoit que jamais ses annees
Ne verroient par la mort leurs courses terminees,
Croyant que pour sa gloire ainsi l’avoient promis
Et Jupiter luy-mesme et les destins amis,
Lors qu’autour du berceau qui receut son enfance