Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/272

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 qui vois combien peu durent
Les dons que l’univers tient pour souverain bien :
Qui vois ce qu’elles sont, qui sçais ce qu’elles furent,
Apprens de leur trespas à te resoudre au tien.
Apprens de leur grandeur, à qui la loy mortelle
S’est permis de monstrer la puissance du sort,
Qu’icy bas rien ne peut sur la mort temporelle
Ce que peut la vertu sur l’eternelle mort.
Apprens, lisant ces vers, que nostre ame se trompe
En l’amour des grandeurs dont le desir la poind :
N’estant rien devant Dieu le monde ny sa pompe,
Non plus qu’au prix du ciel la terre n’est qu’un point.
Bien monstra de le croire estant encor en vie
Le saint couple des cœurs gisans en ce cercueil :
Tant on vit leur grandeur d’humilité suivie,
Et leur ame impoluë aux venins de l’orgueil.
Revere ceste humblesse, et si tu peux l’imite,
D’un constant souvenir à par toy repensant
Que la porte du ciel est estroite et petite,
Et qu’on n’y peut entrer sinon en se baissant.

DE M. DE L’ARCHANT

Si ce sont les vertus des hommes remarquables
Qui rendent à jamais leurs tombes venerables,
Et non pas le porphyre ou les marbres gravez
Qu’on voit superbement sur leur cendre eslevez :