Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/271

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 ET MLLE DE BOURBON

Icy gisent les cœurs de deux grandes princesses
(maintenant deux esprits de leurs corps devestus)
Qui de la bonté mesme ont esté les hostesses
Et qui n’ont rien prisé que les seules vertus.
Toutes deux ont jouy d’une illustre fortune,
Sans voir nul Hymenee accompagner son cours,
La loy des vœux sacrez le defendant à l’une,
Et le trespas à l’autre en l’avril de ses jours.
L’une apres ceste vie esperant la seconde
A tellement vers Dieu levé l’ame et les yeux,
Qu’au monde elle a vescu comme estant morte au monde,
Afin que de la terre elle achetast les cieux.
L’autre à qui maint desastre a long temps fait la guerre
Par effect a monstré que son cœur mesprisoit
Le soin de voir son corps plaire aux yeux de la terre,
Puis qu’à son chaste esprit la terre déplaisoit.
De l’auguste maison qui commande à la France
L’une et l’autre nasquit entre les voluptez :
Mais que sert aux mortels la royale naissance
Contre ce qui destruit et rois et royautez ?
Devotieux passant