Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/278

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Et qui vit elle-mesme icy bas sans égale,
Accusant la rigueur de ton heure fatale,
Te souspire et regrette, et par l’extréme soin
Qu’elle a de t’élever ce tombeau pour tesmoin
Du sanglant desplaisir dont ta mort l’a blessee
Monstre combien ton nom est vif en sa pensee :
Honneur qui vaut le bien d’avoir passé le cours
Des vieux ans de Nestor en richesse de jours.

SUR CŒUR MME DUCH. DE MONBAZON

Les plus rares vertus dont on prise l’exemple
Logeoient dedans ce cœur en un corps jeune et beau :
Mais ainsi que vivant il leur servoit de temple,
Maintenant qu’il est mort il leur sert de tombeau.
Car alors qu’il mourut aussi moururent elles,
Et dans luy pour jamais s’enterrerent en dueil :
Ne pouvant vivre ailleurs és poictrines mortelles,
Et ne se voulant pas choisir d’autre cercueil.
Non, je faux : les vertus d’une ame si parfaite
N’ont point senty le coup que donne le trespas,
Ains vivent d’une vie à la mort non sujette,
Et la font elle-mesme encor vivre icy bas.