Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/357

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Aussi voulans monstrer que tout nous vous devons,
Nous offrons pour ce tout, ce rien que nous pouvons,
Payans d’une humble offrande une debte infinie :
Vous qui sçavez qu’ainsi l’on sert les immortels,
Pensez que c’est encor au pied de leurs autels
Presenter une biche au lieu d’Iphigenie.

A MME SŒUR UNIQUE DU ROY

Vertueuse princesse, ornement de nostre âge,
Qui d’un cœur genereux aux vices indonté
Surpassant tout le monde en accorte bonté,
Vous surpassez vous-mesme en grandeur de courage :
Il n’adviendra jamais que le temps me dégage
Des laqs où vos bien-faits me tiennent arresté,
Ayans par leurs faveurs estreint ma liberté
D’un nœud qui tous les jours se serre davantage.
Le sort vueille en mon nom ceste debte acquitter,
Vous comblant de tout l’heur qui se peut souhaitter,
Sans souffrir qu’aucun mal la duree en abrege.
Voila son seul payment dont Dieu soit le garant,
Afin qu’à tout le moins devers luy recourant,
Pour un mauvais payeur vous ayez un bon plege.

SONET PAR MME SŒUR DU ROY

Cet oeil par trop hardy, cet oeil audacieux
Qui a osé me voir, avoit-il esperance
D’estre exempt de douleur ? N’avoit-il cognoissance
Que le soleil est beau, mais qu’il blesse les yeux ?
Avoit-