Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/370

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Bien monstres-tu de croire, aymant incessamment
À lier tant de cœurs du nœud des bons offices,
Qu’aux hommes bien-faicteurs les astres sont propices,
Et que l’on n’est point nay pour soy tant seulement.
Aussi Dieu benissant ton vertueux genie,
Fait bruire en mille lieux le nom de Lomenie
D’un los qui te promet un extrême bon-heur :
Et t’appelle aux degrez où ta vertu t’invite,
Afin que desormais il t’en donne l’honneur,
Comme il t’en a donné dés long temps le merite.

A M. GENTIAN

Quand ton oeil à Poictiers me veit premierement,
Et que le mien aussi receut ta cognoissance :
Un mutuel desir d’eternelle accointance
Au profond de nos cœurs s’esmeut également.
Toy, tu t’y veis poussé d’avoir faict jugement
Que le sçavoir en moy surpassoit l’ignorance,
Et moy t’y fu porté d’avoir prins asseurance
Que cent belles vertus te servoient d’ornement.
Ainsi l’opinion conceuë en nos pensees
Fist naistre l’amitié qui les tient enlacees,
Et qui dedans nos cœurs a si bien penetré :
Cause legere en soy, mais d’effect perdurable,
Encore que la preuve à la fin ait monstré,
De tous ces deux pensers le mien seul veritable.