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Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/503

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Chassoit le fer au poing l’Espagne épouvantee,
Et contre un camp my-more irritant sa valeur,
Faisoit perdre aux plus fiers l’haleine et la couleur.
L’or paroissoit fuir detaché de sa place.
Et blesmir sur des fronts nagueres pleins d’audace.
Luy secoüant les flots d’un grand pennache blanc,
Par un brave mespris de respandre le sang
Du vulgaire soldat sur la teste des herbes,
Ne se prenoit qu’aux chefs, qu’aux alfiers, qu’aux superbes,
À qui leur riche habit ou l’orgueil de leur port
Se payoit par ses mains d’une soudaine mort.
Les siens à son exemple aguisants leur courage
Faisoient de tout le reste un glorieux carnage :
Le sang qui par ruisseaux la campagne arrousoit,
En formoit comme un lac qu’un ruby composoit.
Le flanc d’un estuy d’or gravé de telle emprainte
Couvroit l’acier trenchant dont Andrie estoit ceinte
Mille autres furieux et renommez combats
Semoient a traits d’argent, du haut jusques au bas,
La juppe qui tomboit du relief de ses hanches
Sur les cordons dorez de ses sandales blanches.
Telle on peindroit Minerve assaillant les geants,
Ou s’armant contre Mars sur les bords ideans.
Au soudain arriver de ce courrier celeste,
La nymphe composa la fierté de son geste,
Et luy qui briefvement instruisit son penser
De propos que le ciel l’envoyoit anoncer,
L’ayant en fin enquise où tendoit son voyage,
Elle luy respondant bastit un tel langage.
Celeste messager, tandy que ce grand roy,
Qui fait ployer la France aux doux joug de sa loy,
Tailloit de son espee une image à sa gloire,
Pour l’asseoir en triomphe au temple de memoire,