Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/509

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Pistie aux simples mœurs ; et celle qui de loin
Estend sur l’advenir l’oeil de son sage soin.
Là se faisoit paroistre à ses illustres marques
La belle Evergesie, ornement des monarques ;
Et la ferme Hypomene, et Cartere sa sœur,
Et celle qui souvent nuist à son deffenseur,
La naïve Alithie aux mortels peu cogneuë,
Qu’on voile, et qui se plaist à se voir toute nuë.
Bref de tant de vertus que le ciel convoquoit,
Nulle sinon Dicee au troupeau ne manquoit,
Et la saincte Eusebie en ses umbres cachee,
Et long-temps presqu’en vain par les anges cherchee.
Car une vive idole erre icy parmy nous,
De qui le simple habit, le parler humble et doux,
Le regard jetté bas, et le geste hypocrite,
Se forme à son modelle, et de si pres l’imite
Avec son mesme feint, et ses gestes rusez,
Que les plus clers voyants s’y trouvent abusez.
Vous diriez que son cœur n’a que Dieu pour delices :
Que jeusner et prier sont ses seuls exercices :
Qu’elle abhorre le monde, et l’ayant pour son fleau,
Y vit comme un poisson vit estant hors de l’eau,
L’ardante amour du ciel dont le feu la consume,
Ne luy laissant ailleurs rien gouster qu’amertume.
Et cependant la feinte, en ses desirs cachez,
N’imagine qu’honneurs, ne songe qu’eveschez ;
Brusle apres le desir de vivre en une