Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/508

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Contre les ennemis qui le sort luy suscite,
Se plonger dans le sang sera gloire et merite.
Cependant disposee à l’attente de mieux,
Execute l’arrest du monarque des cieux ;
Et demeurant en France où ta gloire est si grande,
Fay qu’un jour son pouvoir à la terre commande,
Ne fust-ce qu’en faveur de ce nouveau soleil
Sur qui tout l’univers commence à jetter l’oeil,
Les uns pleins d’esperance et les autres de crainte,
Ce bien-heureux Dauphin où tu parois emprainte,
Et qui semble loger, dés ses ans imparfaits,
En ses yeux ton image, en son bras tes effets.
Certes on n’auroit sceu, respond Andrie à l’heure,
Par un charme plus fort m’astreindre à la demeure :
(aussi bien y vivant ce grand roy mon soucy,
Cet autre moy, son pere, y croy-je vivre aussi)
Car je veux, comme en l’un je suis une merveille,
Estre en l’autre un miracle, et luire sans pareille
En tout ce qu’osera le bras de sa vertu
Pour le sceptre ancien que ses ayeux ont eu :
Soit qu’il face tourner le front de ses armees
Vers ces crestes de mont que la flamme à nommees,
Soit qu’il jette les yeux sur ces fertiles champs
Qui regardent Boote et les soleils couchants :
Dont les princes sont dits dans les antiques contes,
Comtes entre les roys, et roys entre les comtes.
Sur ces mots prononcez du mesme ton de voix
Qu’un oracle animé respondoit autre fois,
Tous deux prindrent leur vol par la plaine celeste,
Vers la place arrestee, où s’assembloit le reste
Des royales vertus à qui fut ordonné
D’imposer le grand nom par le ciel destiné.
Là se trouvoit desja la royale Eumenie,
Et celle qu’on croyoit du monde estre bannie,