Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/537

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Fleurisse, disoit l’autre, en toy tant de bonté,
Que l’honneur de Trajan s’en trouve surmonté.
Avienne, disoit l’autre, (ô dieu combien j’espere)
Que tu sois quelque jour plus vaillant que ton pere.
La clemente douceur d’un si genereux roy
Se face, disoit l’une, un jour reluire en toy :
Et l’autre, puisses-tu, des ta vie enfantine,
Et sage pieté vaincre et mere et marrine.
Bref, c’estoit la Pandore à qui, de tous costez,
Tous leurs dons se voioyent par souhait presentez :
Attendant que le ciel change, avec avantage,
Leurs souhaits en effects, leurs conseils en usage.
Face le tout-puissant, le monarque des roys,
Que quand toute la France escoutera ses loix,
Il ait soin d’accomplir ce que nostre esperance
Osa jurer pour luy, presque dés sa naissance,
Et que semblent encor nous jurer tous les jours
Ses mœurs, ses yeux, son geste, et ses petits discours.
Qu’il ait soin de son peuple, et l’ayme, et le deffende :
Se plaise à la justice, et soigneux la luy rende :
Fuye a charger son dos d’aucun nouveau tribut :
Ait son soulagement pour ferme et propre but ;
Et monstre de penser que le nom le plus rare,
De ceux dont justement un monarque se pare,
C’est celuy de bon roy, non ces noms glorieux
Ou de foudre de guerre, ou de victorieux,
Qui, tous nobles qu’ils sont, rendent plustost les princes
Craints de leurs ennemis, qu’aymez de leurs provinces.
La mer devient enflee, et l’orgueil de ses flots,
Quand la lune est au plein, fait peur aux matelots :
Puis derechef s’abaisse, et resserre en ses bornes,
Quand cet astre inconstant prend ses dernieres cornes :
L’ignoble naturel s’en trouve faire ainsi :
Quand le sort le seconde, il s’enfle le sourcy