Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/79

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Dans les arcs triomphaux à sa gloire construits :
Estens son pied vainqueur sur leurs testes captives :
Puis fay que ses lauriers se changent en olives,
Dont jamais nos fureurs ne corrompent les fruits.

Et toy, qui sans pareil regnes sur les Roys mesmes,
Grand dieu, de qui la main départ les diadêmes,
Et de qui seul les loix et la foy nous suivons,
Fay qu’en nous ton amour toutes flammes surpasse :
Et vueilles desormais vivre en nous par ta grace,
Comme par ta puissance en toy seul nous vivons.

CANTIQUE



Seul espoir des humains despoüillez d’esperance,
Qui de l’ame esperduë es la vraye asseurance,
Oy les tristes souspirs de mon cœur tourmenté !
Car entre tant d’ennuis dont ma vie est atteinte,
Suivy de peu d’espoir et de beaucoup de crainte,
J’attens mon reconfort de ta seule bonté.

C’est pourquoy dés le poinct où l’Aube annonce au monde
Le retour du bel Astre à qui le scin de l’onde
Preste toutes les nuicts son humide sejour,
Et dés que le réveil dessille ma paupiere,
J’ouvre avec un soûpir ma bouche à la priere,
Consacrant à ton nom les premices du jour.

Ô mon unique espoir, que ma vie est troublee !
Qu’un pesant faix d’ennuis a mon ame accablee !
Que je suis dégarny de force et de vertu !
Que mes fieres douleurs me donnent de batailles !
Que mon cœur est estreint de mordantes tenailles,
Et de pesants marteaux incessamment battu !

Useray-je ma vie en ces tristes allarmes ?
N’esteindras-tu jamais ton courroux en mes larmes ?