Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/78

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Aux traicts de ton courroux a trop servy de blanc.
Prens pitié de nos maux : esteins les vives flames
De ce feu qui s’embrase, et qui semble à nos ames
Ne pouvoir estre esteint qu’avec tout nostre sang.

Rassemble ses subjets sous sa juste puissance :
Rens luy l’authorité, rens leur l’obeïssance :
Redonne un heureux sceptre à son bras valeureux :
Et fay par ton Esprit à leurs ames entendre,
Qu’estant leur bien commun, ils ne se sçauroient rendre,
Eux, heureux que par luy, ny luy, grand que par eux.

Donne qu’entre eux et luy vive une guerre sainte
De mutuel devoir et d’amitié non feinte,
Dont tousjours combatans sans jamais se ceder,
Ils rendent si douteux l’honneur de la victoire,
Qu’en egale balance ils acquierent la gloire,
Eux de bien obeyr, luy de bien commander.

Ou s’il faut que la Paix en France retournee,
Ait d’un laurier sanglant la teste environnee,
Fay que sa main le pose alentour de son chef,
Non taché d’autre sang que du party rebelle :
Et sans qu’aucun cyprés à ses palmes se mesle,
Sur les autheurs du mal verse tout le méchef.

Fay cognoistre à tous ceux qui contre luy s’eslevent,
Enyvrez de l’erreur, dont leurs ames s’abreuvent,
De l’eloquent mensonge escoutant les propos,
Qu’aussi fatalement ta puissance destine
À leur fureur rebelle une entiere ruïne,
Qu’à leur obeyssance un asseuré repos.

Ne laisse point tomber sa constance lassée,
Sous le fardeau des maux, qui chargeans sa pensee
S’opposent par envie au cours de ses beaux faits :
Mais fay que son courage à la voute ressemble,
Qui d’autant plus est forte et plus unie ensemble,
Qu’elle paroist gemir dessous un plus grand faix.

Rens tous ses ennemis vaincus par son courage,
Faisant voir leurs pourtraits couchez sous son image