Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/82

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Meslant de quelques jours ses eternelles nuits :
Et calmant de mon cœur les civiles discordes,
Rens moy l’un des vaisseaux de tes misericordes,
Au lieu que j’en suis un de misere et d’ennuis.

Sainte clef de David, sceptre solide et ferme,
Qui fermes et nul n’ouvre, ouvres et nul ne ferme :
Clef qui nous a ouvert la grand’porte des Cieux,
Clef qui nous a fermé les portes de la guerre,
Fermant l’huis de mon ame aux soucis de la terre,
Fay qu’à jamais sur toy mon cœur ouvre les yeux.

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CANTIQUE





Encor ne faut-il pas qu’une plainte eternelle
Face couler en pleurs le reste de mes jours,
Ny que de mes ennuis la source estant mortelle,
Je souffre qu’immortel en devienne le cours.

Ne gemir point du tout la douleur qui m’oppresse,
Eust fait paroistre un cœur plein de stupidité :
Mais aussi la plorer et souspirer sans cesse,
Monstreroit un esprit remply de lascheté.

Tary donc, ô mon cœur, tary ces larmes vaines :
Ravy toy-mesme au temps l’honneur de les seicher :
Se plaindre de sentir des ennuis et des peines,
C’est se plaindre d’estre homme et non arbre ou rocher.