Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/88

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Le remplit d’asseurance, et fait qu’il est tousjours
Moins certain du combat, qu’il n’est de la victoire.

Puisse eternellement, ainsi qu’il s’est promis,
La force de son bras trouver ses ennemis,
Un mont les cachast-il au fond de ses entrailles,
Sans que rien les sauvant des traicts de son courroux
Leur serve de laurier contre les rudes coups
Des foudres dont sa main est armee es batailles.

Puisse-il les voir un jour en cendres convertis,
Du feu de ta fureur pesle-mesle engloutis,
Et tous vifs devorez des flammes de ton ire :
Puisse-il voir le trespas sans pitié les faucher,
Puis d’entre les mortels leur memoire arracher,
Nul ne s’en souvenant sinon pour les maudire.

Car les meschans desirs dont ils sont possedez,
Se sont contre ton nom ingrattement bandez :
Et pour rendre ta gloire icy bas estouffee,
Ont basty contre toy des desseins malheureux,
Qui, comme mal fondez, tomberont dessur eux,
Changeant en un tombeau l’espoir de leur trophee.

Ô Seigneur leve toy, reveille ta vertu,
Faisant voir à nos yeux ton ennemy battu
Ne sçavoir où fuir les traicts de ta colere.
Ne temporise plus, n’use plus de mercy :
Mais puis que le meschant devient plus endurcy
De te trouver si doux, qu’il t’éprouve severe.

Qu’il t’éprouve severe, à fin que cependant
Ta bonté dessus nous ses aelles estendant,
Et monstrant que le soin de ton peuple la touche,
Nous t’adorions pour Roy de la terre et des cieux,
Ayant incessamment tes faits devant les yeux,
Ton amour dans le cœur, et ton los en la bouche.