Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/90

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Où mille impietez provoquent ton courroux :
Frape les plus hauts monts des armes de ton ire,
Fay-les fumer et fondre ainsi que de la cire,
Et l’univers trembler sous l’horreur de tes coups.

Remply tout l’air d’éclairs, de foudres et d’orages :
De tes dards enflamez estonne les courages
Des méchants dont l’effort t’offense en m’outrageant :
Fay gronder en ta main l’ire de cent tempestes,
Puis d’un bruit éclatant darde-la sur leurs testes,
À fin qu’un mesme coup te venge en me vengeant.

Car c’est contre l’honneur de ta puissance mesme,
Que leur bouche arrogante a vomy le blaspheme
Aiguisant contre moy tant de traits inhumains :
Leur langue incessamment ourdit des calomnies :
Leur esprit orgueilleux se plaist aux tyrannies :
Et tout mal-faire est l’art où s’exercent leurs mains.

Ô Seigneur, continuë à delivrer mon ame
D’une gent si superbe, et romps l’injuste trame
Des barbares desseins que sa rage a conceus :
Estens du ciel le bras armé pour ma vengeance,
Et pousse en ta fureur ceste maudite engeance
Dans les sanglants filets qu’elle mesme a tissus.

À fin que sur un luth monté pour tes loüanges,
Associant ma voix avec celle des Anges,
Je chante que c’est toy qui fais regner les Rois :
Toy qui les garantis des meurtrieres atteintes :
Toy qui rends leurs grandeurs venerables et saintes,
Et qui fais que la terre en adore les loix.

J’en sers aux ans futurs d’une preuve eternelle,
Moy sur qui la bonté de ta main paternelle,
Seigneur, a fait du Ciel mille graces plouvoir,
Contre tant d’ennemis me donnant la victoire
Que la paix de mon sceptre appartient à ta gloire,
Comme un nouveau miracle où reluit ton pouvoir.