Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/99

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Regarde moy malade et du corps et de l’ame,
Pour me donner santé plustost que chastiment :
Et te daignant en fin souvenir qui nous sommes,
Pardonne à mes pechez,
Non comme aimant le vice, ains comme aimant les hommes
Qui sont dés leur naissance aux vices attachez.
Quelle plus grand’douleur sent-on en la torture
Qu’est celle que je sens ?
Nul ennuy sur mon cœur n’épargne sa pointure,
Cent tourments font la guerre à chacun de mes sens :
Mille bruslants soupirs, mille sanglantes larmes
Versant à tous propos
Je passe, travaillé d’eternelles allarmes,
Et mes jours sans lumiere, et mes nuicts sans repos.
Pardon, seigneur, pardon : la douleur qui me blesse
Me rend trop tourmenté :
Non trop pour mon offense, ains trop pour ma
Foiblesse ;
Non trop pour ta justice, ains trop pour ta bonté :
Las ! Ne vaut-il pas mieux qu’en destournant la face
De mes transgressions,
Tu destruises plustost le peché par ta grace,
Que le pauvre pecheur par les punitions ?
Helas ! Je suis semblable à celuy qu’on va rendre
Au sepulcre enfermé,
Une image de mort, un fantosme de cendre
Qui suis au lieu d’esprit de douleur animé :