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Page:Berthelot - Discours de réception, 1901.djvu/10

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ingratitude que de ne pas témoigner toute ma reconnaissance aux confrères présents aujourd’hui dans cette enceinte ; comme aussi, permettez-moi d’ajouter, à la mémoire de tant d’amis que j’y ai comptés et qui ne sont plus. J’ose espérer que leur opinion bien connue n’a pas été sans quelque influence sur votre choix. Parmi ces patrons honorés entre tous de mon élection, je rappellerai seulement Claude Bernard, Taine, Leconte de Lisle, Alexandre Dumas, Victor Hugo, et surtout mon ami Joseph Bertrand, dont je tiens désormais doublement la place ; pourrais-je oublier enfin le compagnon le plus cher de ma vie, Ernest Renan ? J’ai vécu avec ceux-ci dans la plus étroite intimité, pendant près d’un demi-siècle ; je me suis assis pendant de longues années auprès d’eux, dans nos carrières communes et surtout dans notre grande confrérie de l’Institut, chacun au sein de son Académie particulière : ma joie et la leur auraient été doublées s’ils avaient pu me voir aujourd’hui à leurs côtés dans cette Académie française, qui forme comme une seconde consécration plus générale de notre réputation de spécialistes. Les Divinités jalouses qui règlent la destinée humaine en ont décidé autrement ! Je n’ai pu bercer mes amis dans leur dernier sommeil