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Page:Berthelot - Discours de réception, 1901.djvu/36

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dans son ordre particulier le même genre de problèmes, il était dissemblable de ses prédécesseurs par une sorte de répulsion qu’excitaient en lui les idées générales, nécessairement vagues et flottantes sur certains points et complexes comme la nature même des choses humaines, qui ne se prêtent pas à la rigueur des démonstrations. Les énoncés généraux excitaient dans Bertrand l’esprit critique, qu’il avait fort aiguisé : il saisissait aussitôt le point faible, le défaut de la cuirasse logique, et il se plaisait à contredire les opinions, les préjugés courants. Cet esprit de subtilité s’est même développé de plus en plus avec les années : à une thèse historique reçue, il s’est plu plus d’une fois à opposer une antithèse spécieuse et intéressante, comme l’ont montré quelques-uns de ses derniers articles sur Pascal.

Par compensation, Bertrand était d’une sincérité absolue, toujours prêt à revenir sur une assertion trop tranchée et toujours empressé à éviter les froissements des amours-propres. Il était surtout sympathique aux natures droites comme la sienne, alors même que ses amis se distinguaient sur d’autres points par des qualités et des défauts contraires aux siens. Dans ces conditions de caractère, on conçoit que les