Page:Berthelot - Discours de réception, 1901.djvu/37

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relations privées avec Bertrand fussent remplies d’agrément. Quelques-unes de ses lettres, pendant la période dont je parle, ont été conservées. Elles sont charmantes, soit qu’il y rapporte son voyage à Venise et à Florence, dirigé par la fantaisie : « C’est une nouveauté pour moi de suivre un programme arrêté à l’avance » ; soit qu’il montre son jeune fils Marcel, traversant le Saint-Gothard en 1861, et ne voyant dans la nature qu’un sujet de vers latins : il ne laissait guère présager alors le géologue de premier ordre qu’il est devenu de nos jours. En 1861, J. Bertrand compose son livre sur les fondateurs de l’Astronomie ; il en est préoccupé jusqu’à être affecté d’insomnies, pendant lesquelles, comme il arrive souvent, il croit composer des morceaux excellents : « mais au réveil, dit-il, tout s’évanouit ; il ne reste plus que la fatigue. » Il admire naturellement le génie de Képler ; mais son mysticisme le surprend : « C’est, m’écrivait-il, un singulier homme ; on frémit en lisant ses écrits à l’idée d’avoir à juger les travaux d’autrui, Combien de fois, s’il m’avait consulté, je l’aurais dissuadé de continuer, en lui démontrant que sa voie est mauvaise et ne peut conduire à rien, cependant vous savez ce qui est advenu ! »

Le siège de Paris a laissé une trace profonde