de vos découvertes. L’homme de science, eût dit Renan, est un ebionim. Il fait de la vérité sa principale richesse. Cet ascète des temps modernes dédaigne de prélever sa dîme sur les largesses que son génie fait aux hommes. Même, il laisse aux habiles selon le monde les millions dont ils lui sont redevables, comme un présent de nul prix.
La seconde conception géniale à laquelle votre nom restera attaché, c’est la thermo-chimie.
Vous aviez renversé la distinction chimique établie entre les corps bruts et les corps vivants ; vous aviez démontré que les forces chimiques qui régissent la matière organique sont, réellement et sans réserve, les mêmes que celles qui régissent la matière minérale. Mais ces forces elles-mêmes, comment en mesurer l’action ? Comment calculer et prévoir les résultats de leurs conflits ? Pourquoi certains éléments s’unissent-ils ? Pourquoi certains autres demeurent-ils séparés ? Problème ardu, qui préoccupait déjà les anciens alchimistes et qui les amena à supposer l’existence d’affinités électives entre les corps. Mais ces affinités que Goethe, dans un chapitre d’un de ses romans, assimile aux passions humaines, haine ou amour, demeuraient mystérieuses et inexplicables.