Page:Berthelot - Discours de réception, 1901.djvu/65

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de cette patrie que vous aimez et pour elle-même et pour l’amour de l’humanité, dont elle fut la grande servante. Avec Pasteur, vous aurez été peut-être l’homme du dix-neuvième siècle le plus utile aux hommes. Et, comme lui, vous avez fait une œuvre qui, si grande qu’elle soit déjà, n’est qu’un commencement ; vous avez fondé une méthode dont les applications peuvent être infinies. Ne disiez-vous pas, dans une heure souriante, que le problème des aliments (et par suite la question sociale) est un problème chimique ; qu’un jour viendra où on les fabriquera de toutes pièces avec le carbone emprunté à l’acide carbonique, avec l’hydrogène pris à l’eau, avec l’azote et l’oxygène tirés de l’atmosphère, et que, ce jour-là, chacun emportera pour se nourrir sa petite tablette azotée, sa petite motte de matière grasse, son petit flacon d’épices aromatiques, accomodés à son goût personnel ? —-Si ce rêve d’une humanité heureuse et idyllisée par la science se réalise jamais, on pourra dire, Monsieur, que cet invraisemblable poème terrestre sera sorti du laboratoire où vous peinez allègrement depuis cinquante années, et où vous triturez dans vos cornues la joie et la délivrance du monde futur.

Le respect public vous environne. Au point