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avait dans la poitrine le germe de la maladie qui devait l’emporter.

La semaine dernière, l’échevin Thibault de Montréal, était à la Baie des Chaleurs.

Il allait faire des discours aux Acadiens du Nouveau-Brunswick, sur la loi des écoles. Il m’apprit que votre fils était atteint d’une maladie mortelle et que l’on désespérait de sa guérison.

À cette nouvelle je me décidai à partir immédiatement pour Montréal.

Avant de me mettre en route je m’agenouillai près de la tombe de M. St-Simon et je demandai au ciel de prolonger la vie de votre enfant, l’espoir de votre race.

J’avais une longue route à parcourir avant d’arriver à la première station du chemin de fer Intercolonial. Je recueillis tous les documents relatifs à votre famille, je fis seller ma jument et je dis adieu à ma femme.

En arrivant à Montréal, je me rendis chez M. Liboire Maheu, le notaire de la famille de St-Simon.

Je lus pour la première fois un codicille du testament de mon ancien ami.

Une clause m’obligeait dans le cas du décès de votre enfant, d’aller faire moi-même les inscriptions nécessaires sur les registres de l’état civil et de procéder immédiatement à l’exécution des dernières volontés de M. de St-Simon.

Je n’ai pas voulu vous troubler pendant la maladie du jeune vicomte. Tous les jours je me suis promené sur la rue près de votre résidence, tous les jours j’avais des nouvelles de sa chère santé.

Aujourd’hui, sachant que la mort de votre enfant…

La mort de mon enfant ! interrompit le comte de Bouctouche, mais M. Caraquette, je vois que vous avez été mal informé. Du reste je ne m’explique aucunement l’excès de zèle que vous portez à l’exécution du testament de M. de St-Simon.

— M. le comte de Bouctouche, ne vous faites pas d’illusions. Vous avez vécu jusqu’aujourd’hui dans un luxe et un faste qui vous aveugle sur votre situation. Je ne veux pas qu’après la mort de votre fils vous soyez laissé dans la débine. Trois ou quatre mille dollars vous seront comptés par moi afin que votre épouse ne souffre point des atteintes de la misère. Je ne désire pas faire d’éclat et je suppose que vous êtes un homme trop intelligent pour vous lancer dans des contestations judiciaires à propos d’une succession.

— Savez-vous, M. Caraquette, que votre conversation est loin d’être agréable. Tenez, vous me sciez le dos avec une latte. Je ne suis pas