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LES ORIGINES DE L'ALCHIMIE

plus net dans Manilius, auteur d’un poème astrologique d’une langue excellente, et que les critiques s’accordent à regarder comme contemporain de Tibère. Au livre IVe, il développe en beaux vers les effets du feu : « la recherche des métaux cachés et des richesses enfouies, la calcination des veines de minerais, l’art de doubler la matière par un procédé certain, ainsi que les objets d’or et d’argent. »

Quidquid in usus.
Ignis agit… Scrutari cæca metalla
Depositas et opes, terræque exurere venas,
Materiamque manu certa duplicarier arte,
Quiquid et argento fabricetur quidquid et auro.

Scaliger a cru ce passage interpolé, mais surtout à cause de sa signification : ce qui est un cercle vicieux. Il est conforme aux analogies historiques qu’un astrologue, tel que Manilius, ait eu une connaissance plus particulière de l’alchimie. D’ailleurs, l’idée de doubler l’or et l’argent (diplosis) était courante dès le iie et le iiie siècles de notre ère, comme le montrent les papyrus de Leide[1], d’accord avec les manuscrits des Bibliothèques.

Venons aux personnes et aux industries chimiques.

Les plus vieux auteurs cités par les manuscrits alchimiques, Démocrite, Ostanès, figurent aussi comme magiciens et astrologues dans Columelle, dans Pline et dans les écrivains de l’antiquité. Le nom de l’alchimiste Pamménès se retrouve dans Tacite, comme celui d’un magicien (p. 46). L’astrologue égyptien Pétosiris, dont les traités sont associés à des ouvrages

  1. N° 66 de Reuvens. — Voir plus loin.