Page:Berthelot - Les origines de l'alchimie, 1885.djvu/101

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
71
LES TÉMOIGNAGES HISTORIQUES

alchimiques dans le manuscrit 2.419 de la Bibliothèque nationale, est cité par Pline, par Juvénal et déjà par Aristophane[1].

Sénèque rappelle également les connaissances pratiques de Démocrite sur l’art de colorer les verres, art congénère de l’art de colorer les métaux : « Il avait trouvé le moyen d’amollir l’ivoire, de changer le sable en émeraude par la cuisson et son procédé est encore suivi de nos jours. »

« Excidit porro vobis eumdem Democritum invenisse quemadmodum ebur molliretur, quemadmodum decoctus calculus in smaragdum converteretur, quâ hodie que cocturâ inventi lapides in hoc utiles colorantur. »

Sont-ce là des inventions authentiques du vieux philosophe ? ou n’avons-nous pas affaire à des pseudonymes Égyptiens, peut-être même à ceux dont nous possédons les traités ? Je reviendrai sur ce problème.

Pline parle pareillement des ouvrages où l’on enseignait l’art de teindre les émeraudes artificielles et autres pierres brillantes[2]. C’étaient là des arts Égyptiens par excellence et les recettes de nos manuscrits concordent avec cette indication[3] ; à supposer, je le répète, qu’elles ne reproduisent pas exactement les procédés auxquels Pline faisait allusion.

Nous avons donné plus haut (p. 12) les passages où Tertullien parle, au iiie siècle, des mystères des métaux et des pierres précieuses, révélés par les anges

  1. Voir plus loin.
  2. Livre XXXVII, ch. lxxv.
  3. Ms. 2327, fol. 147.