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IX
PRÉFACE

occupé ; mais les renseignements brefs et incomplets donnés à cet égard dans les histoires de la chimie étaient plutôt de nature à piquer la curiosité qu’à la satisfaire. Ces origines ont quelque chose de bizarre. La chimie, la plus positive peut être des sciences, celle dont nous maîtrisons le plus directement l’objet, débute par des imaginations extravagantes sur l’art de faire de l’or et de transmuter les métaux ; ses premiers adeptes sont des hallucinés, des fous et des charlatans, et cet état de choses dure jusqu’au xviiie siècle, moment où la vraie doctrine remplace l’antique alchimie. Aussi les chimistes sérieux ont-ils hâte en général de se détourner de celle-ci ; ce qui explique l’abandon dans lequel son histoire est tombée. C’est un fait bien connu de tous ceux qui ont enseigné, à savoir que les spécialistes étudient surtout une science en vue de ses applications : la plupart ne se tourmentent guère de son passé. L’Histoire des sciences attire surtout les philosophes et les gens curieux de la marche générale de l’esprit humain. Mais, si les spécialistes n’aiment ni les récits historiques ni les abstractions, par contre les philosophes sont arrêtés en chimie par le caractère technique du langage et le tour particulier des idées. Ils ont besoin d’être initiés par quelque personne compétente ; nécessité plus grande s’il se peut que partout ailleurs dans une science qui a changé de fond en comble, il y a cent ans, le système général de