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Page:Berthelot - Les origines de l'alchimie, 1885.djvu/38

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LES ORIGINES DE L'ALCHIMIE

D’autres nous disent que ces œuvres de la nature, maudites et inutiles[1], enseignées par les anges tombés à leurs épouses, étaient l'art des poisons, des secrets des métaux et des incantations magiques (Tertullien).

Le nom du livre Chêma se retrouve en Égypte sous la forme Chemi, titre d’un traité cité dans un Papyrus de la xiie dynastie et recommandé par un scribe à son fils[2]. Il est probable que le sujet en était tout différent. C’était un vieux titre, repris plus tard pour s’en autoriser, comme il est arrivé souvent dans l’antiquité.

Quoiqu’il en soit, le passage de Zosime est des plus caractéristiques. Sans en conclure, avec les adeptes du xviie siècle, que l’alchimie était déjà connue avant le déluge[3], il est certain qu’il nous reporte aux imaginations qui avaient cours en Orient dans les premiers siècles de l'ère chrétienne. Isis, dans son discours à son fils Horus, autre ouvrage alchimique des plus anciens, raconte également que la révélation lui fut faite par Amnael, le premier des anges et des prophètes, comme récompense de son commerce avec lui[4].

Quelques lignes étranges du chapitre v de la Genèse, probablement d’origine babylonienne, ont servi de point d’attache à ces imaginations. « Les enfants de Dieu, voyant que les filles des hommes étaient belles,

  1. Πονηρά καί μηδεν ώφελούντα τήν ψυχήν.
  2. Maspero, Histoire ancienne des peuples de l'Orient, p. 125 (1875).
  3. (3) V. Borrichius dans Manget : Bibliotheca chemica, t. I.
  4. {4) Voir le manuscrit n° 2,827 de la Bibliothèque nationale, fol. 256. Ce passage a été traduit par Hoefer, Histoire de la chimie, t. I, p. 290, 2e édition.