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LES ORIGINES MYSTIQUES

peuples primitifs, des formules magiques propres à se concilier et même à forcer la volonté des dieux (ou des démons), êtres supérieurs que l’on supposait intervenir perpétuellement dans le cours des choses. La loi naturelle agissant par elle-même était une notion trop simple et trop forte pour la plupart des hommes d’alors : il fallait y suppléer par des recettes mystérieuses. L’alchimie, l’astrologie et la magie sont ainsi associées et entremêlées dans les mêmes papyrus[1]. Nous observons le même mélange dans certains manuscrits du moyen âge, tels que le manuscrit grec 2.419 de la Bibliothèque nationale.

Cependant les formules magiques et astrologiques ne se retrouvent plus en général dans la plupart des traités alchimiques proprement dits. Il n’en est que plus intéressant de signaler les traces qui y subsistent encore. Tels sont le dessin mystérieux, désigné sous le nom de Chrysopée ou Art de faire de l’or de Cléopâtre[2] et les alphabets magiques du manuscrit 2.249, analogues à ceux d’un papyrus cité par Reuvens[3] et dont M. Leemans a reproduit le fac simile[4]. La théorie de l’œuf philosophique, le grand secret de l'œuvre, symbole de l’univers et de l’aichimie, donnait surtout prise à ces imaginations. Les signes bizarres[5] du Scorpion et les caractères ma-

  1. Reuvens, ire lettre à M. Letronne, p. 10, 50, etc.
  2. Ms. 2.249, fol. 96 ; ms. de saint Marc, fol. 188, ve
  3. Lettre I, p.49.
  4. Monument égyptiens du Musée de Leide, 4e livraison, panche XIV.
  5. Ms. de la Bibliothèque Nationale, 2,327, fol. 80 ; ms. 2,249, fol. 100 ; ms. de saint Marc, fol. 193.