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Page:Berthelot - Les origines de l'alchimie, 1885.djvu/50

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LES ORIGINES DE L'ALCHIMIE

connaissances tenues secrètes au fond des temples, et qu’il était interdit de révéler ? Elles seraient sorties, en quelque sorte, d’un long mystère vers le iiie siècle de notre ère, mais en conservant toujours une expression mystique et symbolique qui en trahit l'origine.

Zosime le Panopolitain, écrivain du iiie siècle, nous fait le récit suivant, cité et reproduit par Olympiodore, contemporain de Théodose[1] : « Ici est confirmé le livre de Vérité : Zosime à Théosébie, salut. Tout le royaume d’Égypte[2] est soutenu par ces arts psammurgiques[3]. Il n’est permis qu’aux prêtres de s’y livrer. On les interprète d’après les stèles des anciens et celui qui voudrait en révéler la connaissance serait puni, au même titre que les ouvriers qui frappent la monnaie royale, s’ils en fabriquaient secrètement pour eux-mêmes. Les ouvriers et ceux qui avaient la connaissance des procédés travaillaient seulement pour le compte des rois, dont ils augmentaient les trésors. Ils avaient leurs chefs particuliers et il s’exerçait une grande tyrannie dans la préparation des métaux… C’était une loi chez les Égyptiens de ne rien publier à ce sujet. » Il y a là le souvenir des industries métallurgiques, dont les

  1. Manuscrit 2.327, fol. 251, verso ; c'est le texte de Zosime. Au fol. 206, v°, on trouve celui d'Olympiodore, qui en diffère assez notablement. Voir aussi ce dernier : manuscrit de saint Marc, fol. 171, v°. J'ai résumé ces textes.
  2. Ὅλον τὸ τῆς Αἰγύπτου βασίλειον, ὦ γύναι, ἀπὸ τῶν δύο τούτων τῶν τεχνῶν ἐστίν τῶν τέ κυρίακων καὶ τῶν ψάμμων.
  3. C’est-à-dire l'art de traiter les sables ou minerais métalliques, ψάμμοι.