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Page:Berthelot - Les origines de l'alchimie, 1885.djvu/53

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SOURCES ÉGYPTIENNES

nésius, Olympiodore s’en réfèrent ils continuellement au langage énigmatique de leurs maîtres, aux livres secrets des anciens[1], au livre traditionnel des ancêtres[2]. »

C’était un devoir religieux de parler par énigmes, car le philosophe dit : « Ce que les hommes écrivent, les dieux[3] en sont jaloux. » De là un symbolisme et des allégories continuels, devenus indéchiffrables (à supposer qu’ils aient jamais eu un sens scientifique), faute des explications orales par lesquelles on les complétait[4]. Quelques-unes de celles-ci semblent être venues jusqu’à nous. Ainsi la formule du Scorpion (voir p. 15 et 16), incompréhensible dans la plupart des manuscrits, se trouve interprétée dans une addition inscrite sur la première feuille de garde du manuscrit de saint Marc.

On sait que l’usage des mystères religieux et des initiations était universel dans l’antiquité. Les alchimistes prêtaient serment de ne pas divulguer la science qui leur était révélée. Un serment de ce genre, sans trace chrétienne, et tout rempli de noms et de mythes greco-Égyptiens : Hermès et Anubis, le dragon Kerkoros, le rocher de l’Achéron, les trois Nécessités, les trois Fouets (Parques et Furies ?) et l’Épée, figure dans la lettre d’Isis à son fils Horus[5]. Un tel langage rappelle tout

  1. Ms. 2.327, fol. 106.
  2. Ms. 2.327, fol. 149.
  3. Ms. 2.327, fol. 230. — Δαίμονες, c’est-à-dire les dieux inférieurs, de même que dans le langage de Jamblique et de ses contemporains ; ce seront plus tard les génies des Arabes.
  4. Voir le texte cité dans l’appendice A.
  5. Ms. 2.327, fol. 256, v°.