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LES ORIGINES DE L'ALCHIMIE

dans son Dictionnaire, fait également observer que les phrases attribuées à Hermès Trimégiste semblent souvent une simple traduction de certains hiéroglyphes. Il y a là tout un ensemble de données positives, qui concordent avec le langage de Zosime et d’Olympiodore et qui en attestent la valeur historique.

La science était alors essentiellement impersonnelle, et l'on comprend comment Jamblique assigne à Hermès 20,000 livres, ou même, d’après Manéthon, 36,525. Mais toute cette science, quels qu’en fussent l'objet et le caractère, est aujourd’hui perdue. À l'époque alexandrine on paraît en avoir fait des résumés, assez analogues à nos encyclopédies, ou mieux encore à celles de la Chine et du Japon. Dans ces résumés, la tradition égyptienne était déjà amalgamée par les traducteurs avec les connaissances des philosophes grecs, ainsi que Jamblique le déclare expressément. Cette œuvre de l'Égypte hellénisée nous est connue surtout par un passage de Clément d’Alexandrie. D’après cet auteur, qui semble avoir eu le recueil sous les yeux, il existait quarante-deux livres d’Hermès. Il les décrit, en racontant comment on les portait en cérémonie dans les processions. Citons tout ce passage, qui est caractéristique :

« C’est le chanteur qui ouvre la marche, portant quelqu’un des attributs de la musique. Il faut, dit-on, qu’il sache par cœur deux des livres d’Hermès : le premier qui contient les hymnes des dieux, le second qui renferme les règles de la vie royale. Après le chanteur, s’avance l’horoscope, qui tient dans sa main l’horloge et la palme, symboles de l’astronomie. Il doit