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Page:Berthelot - Les origines de l'alchimie, 1885.djvu/76

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LES ORIGINES DE L'ALCHIMIE

Au point de vue pratique, il existait en Babylonie comme en Égypte tout un ensemble de procédés industriels très perfectionnés, relatifs à la fabrication des verres et des métaux, à la teinture des étoffes, à la trempe du fer (aciers de Damas et de l'Inde). L’existence de ces procédés est rendue manifeste par l’examen des débris de l'art assyrien ; mais nous ne possédons guère de renseignements précis sur leur fabrication. Ces connaissances étaient communes d’ailleurs aux Phéniciens et aux populations syriennes, intermédiaires entre l'Égypte et la Babylonie. Elles se sont conservées par voie traditionnelle jusqu’aux Arabes et aux Persans modernes, dont l’art a tiré de ces sources spéciales, au moyen âge du moins, sa principale originalité. En tous cas, elles n’étaient pas étrangères aux alchimistes, et elles expliquent pourquoi ils invoquent les prophètes Persans à côté des prophètes Égyptiens.

Précisons quelques unes des théories venues de la Chaldée.

C’est probablement aux Babyloniens qu’il convient de remonter pour la parenté mystique si célèbre entre les métaux et les planètes. Je ne sais si l’on en trouverait une indication plus ancienne que celle de Pindare exprimant la relation de l’or avec le soleil[1]. Cette relation, ainsi que l’influence des astres sur la production des métaux, se trouve exposée de la façon la plus nette dans le commentaire de Proclus sur le Timée. On y lit en effet : « L’or naturel[2] et l’argent,

  1. Isthméennes, ode V.
  2. Ce mot semble impliquer une opposition entre l'or naturel et l'or artificiel.