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Page:Berthelot - Les origines de l'alchimie, 1885.djvu/84

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LES ORIGINES DE L'ALCHIMIE

a dans tout ceci une attache rabbinique, et comme un premier indice des sources et des doctrines secrètes de la franc-maçonnerie au moyen âge.

Zosime parle également de Salomon, roi de Jérusalem, et de sa sagesse[1], ainsi que de la traduction de la Bible, de l’hébreu en grec et en égyptien[2], traduction qu’il attribue à un interprète unique. Ce dernier renseignement est fort ancien ; car il diffère de celui qui avait cours au ive siècle sur cette traduction, d’après le pseudo Aristée, et qui s’est maintenu dans les mots « version des Septante » ; je veux dire le conte des soixante-dix vieillards, choisis comme interprêtes des Écritures Saintes.

L’art sacré des Égyptiens et la puissance de l’or qui en résulte, écrit encore Zosime, n’ont été révélés qu’aux Juifs[3], par fraude, et ceux-ci l’ont fait connaître au reste du monde.

« Ne touche pas la pierre philosophale de tes mains ; tu n’es pas de notre race, tu n’es pas de la race d’Abraham »[4], dit Marie la Juive, l’un des auteurs fondamentaux de l’alchimie : plusieurs traités lui sont attribués, ainsi que l’invention du bain-marie.

Nous rencontrons ici ce mélange de fables hébraïques et orientales, qui caractérise les trois premiers siècles de notre ère. Il se manifeste plus clairement encore dans les origines gnostiques de l’alchimie,

  1. Ms. 2.327, fol. 255.
  2. Ms. 2.249, fol. 98 ; Ms. de saint Marc, fol. 190, v°.
  3. Μόνοις δέ Ιουδαίοις ἐξέδωσαν λάθρα ταύτα ποιεῖν καὶ γράφειν, καὶ παραδιδόναι ; Μs. 2.327, fol. 252, v°.
  4. Ms. de saint Marc, fol. 178 ; Ms. 2.327, fol. 214, v°.