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Page:Berthelot - Les origines de l'alchimie, 1885.djvu/86

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LES ORIGINES DE L'ALCHIMIE

Les auteurs de nos traités, Zosime, Synésius, Olympiodore, sont aussi tout remplis de noms et d’idées gnostiques. « Livre de vérité de Sophé l’Égyptien : c’est ici l’œuvre divine du Seigneur des Hébreux et des puissances Sabaoth. » Ce titre déjà cité reparaît deux fois : une fois seul[1], une autre fois[2] suivi des mots : « Livre mystique de Zosime le Thébain. » On reconnaît l’analogue de l’Évangile de la Vérité et de la Pistis Sophia de Valentin, ainsi que la parenté de l’auteur avec les Juifs et avec les gnostiques. En effet les mots « Seigneur des Hébreux et Sabaoth » sont caractéristiques.

Quant au nom de Sophé l’Égyptien, c’est une forme équivalente a celui de Souphis, c’est-à-dire du Chéops des Grecs. Le livre qui lui est ici attribué rappelle un passage d’Africanus, auteur du iiie siècle de notre ère, qui a fait un abrégé de l’historien Manéthon, abrégé compilé plus tard par Eusèbe[3]. « Le roi Souphis, dit Africanus, a écrit un livre sacré, que j’ai acheté en Égypte, comme une chose très précieuse » On vendait donc alors sous le nom du vieux roi des livres apocryphes, dont les auteurs réels étaient parfois nommés à la suite, comme dans le titre de notre ouvrage de Zosime.

Le Serpent ou Dragon qui se mord la queue (ouroboros) est plus significatif encore : c’est le

  1. Ms. 2.327, fol. 260.
  2. Fol. 251.
  3. Collection Didot, p. 548. Eusèbe a altéré ce passage, en substituant aux mots : j'ai acheté, etc ; ceux-ci : livre que les Égyptiens regardent comme très précieux.