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SOURCES GNOSTIQUES

symbole de l’œuvre, qui n’a ni commencement ni fin[1]. Dans les Papyrus de Leide[2], il est question d’un anneau magique, sur lequel ce serpent est tracé. Il est aussi figuré deux fois dans le manuscrit 2.327, en tête d’articles sans nom d’auteur, dessiné et colorié avec le plus grand soin, en deux et trois cercles concentriques, de couleurs différentes, et associé aux formules consacrées : « La nature se plaît dans la nature, etc.[3]. » Il est pourvu de trois oreilles, qui figurent les trois vapeurs, et de quatre pieds, qui représentent les quatre corps ou métaux fondamentaux : Plomb, cuivre, étain, fer.

Les derniers détails rappellent singulièrement la salamandre, animal mystérieux qui vit dans le feu, lequel apparaît déjà à Babylone[4] et en Égypte[5], et dont Aristote[6], Pline, Sénèque et les auteurs du siècle suivant rappellent souvent les propriétés mystérieuses. Il en est aussi question dans les papyrus de Leide[7] et

  1. Ms. 2.250, fol. 45 : Le Serpent Ouroboros dont le commencement est la fin et dont la fin est le commencement.
  2. Reuvens, ire lettre, p. 24.
  3. Ms. 2.327, fol. 196 (trois cercles : rouge, jaune et vert) et fol. 279 (deux cercles rouge et vert).
  4. Ex ipsa quæ magi tradunt contra incendia, quoniam ignes sola animalium extinguat, si vera ferunt : Pline, 1. XXIX, ch. iv, section 23.
  5. D’après Gessner (de Quadrup. oviparibus) c’était en Égypte le symbole d’un homme brûlé, et il cite Horus (Horapollon) in Hieroglyphicis.
  6. Aristote, Hist. des animaux, 1. V, ch. xix. — Αὕτη γὰρ ὣς φησὶ, διὰ τοῦ πυρὸς βαδίζουσα κατασβέννυσε τὸ πῦρ. — Galien accentue davantage le doute et rappelle des expériences positives : Η σαλαμάνδρα μέχρι μὲν τινὸς ὑπὸ πυρὸς ουδέν πάσχει. Cependant il dit qu'à la fin elle est brûlée. — Galien, sur les Mélanges, livre III ; éd. de Kühn, I, 814, 1821.
  7. Quatrième livraison de la publication de M. Leemans, planche XII.