Page:Bertheroy - La Ville des expiations.pdf/31

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

— Je ne le pense pas, dit Octave. On doit y laisser trop de ses énergies profondes ; que reste-t-il ensuite pour les joies de l’intelligence ?

Ils se regardaient, et tout à coup, malgré les différences de leurs traits, ils étaient venus à se ressembler étrangement ; la même expression volontaire rétractait les coins de leur bouche, la même puissante énergie barrait leur front. C’était bien le même sang qui circulait dans leurs veines et les animait d’une propulsion également forte. Mme Brichard se réjouit de les sentir égaux par la volonté. Elle se décida à interroger Octave :

— Et toi, pendant ce temps, que faisais-tu ?

— Je suis allé voir Mlle Alyne. Elle se plaignait que nous la négligions beaucoup.

— C’est vrai, soupira la veuve. C’était pourtant ma meilleure amie autrefois !

Ils se turent ; tous trois par l’esprit, s’étaient transportés dans la vieille maison gothique.

— Et Juliette ? demanda Marcel après un instant de silence.

— Elle était là, aussi. Comme c’est curieux de la voir si singulièrement vivante parmi ces choses surannées. On a toujours la même surprise. C’est toujours aussi nouveau.

— Il y a pourtant dix ans que Juliette vit auprès