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le colosse de rhodes

dont les accents étaient pittoresques et divers, remplissaient l’immense Bourse qui était bâtie comme un temple, comme une basilique aux salles de marbre. Des statues d’or décoraient l’entrée ; elles représentaient la Fortune debout, assise, couchée, en marche vers l’occasion favorable, la Fortune avec sa roue, la Fortune avec son bandeau, la Fortune clairvoyante et aveugle, la Fortune toujours, qui s’offrait aux désirs des ambitieux venus là pour conquérir ses faveurs. Le jeune navarque sourit. Il lui plaisait que Rhodes répondît ainsi à son destin, et qu’à l’Occident de la ville cette Deigma, poussée comme un champignon énorme et vénéneux, absorbât l’activité des désœuvrés, des inutiles, de tous ceux qui ne pouvaient manier la rame ou l’épée. Mais bientôt il reprit son chemin. Il avait hâte de causer avec Isanor des événements de ce jour et de ceux qui se préparaient. Puis il pensait aussi à Namourah, à cette juive opulente et désirable dont il avait souvent admiré la beauté. Était-elle fidèle à son vieil époux, ou cachait-elle à l’ombre de son palais quelque amant juvénile avec qui elle