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le colosse de rhodes

où déambulaient les chars, s’élargissaient encore dans le silence comme pour laisser passer quelque chevauchée de géants ou de héros. Lyssa toucha du doigt le poignet de Dornis :

— Es-tu quelquefois allée de ce côté ? lui demanda-t-elle.

En même temps elle montrait l’Arsenal qui exhaussait ses bâtiments rouges au bord des bassins du radoub, sur le front des galères au repos.

— Jamais ! répondit Dornis. Pourquoi faire ? L’Arsenal et l’Aleïon, qui se font pendants aux deux extrémités de la ville, devant le grand miroir de la mer, n’ont entre eux rien de commun ; aucune pensée ne les rattache l’un à l’autre. Ici, c’est la paix, la sérénité divines ; là-bas, c’est le tumulte et la guerre. De ces bâtiments rouges comme le sang sortent les armes qui frapperont des poitrines humaines, et les navires qui sèmeront la mort. Je détourne les yeux de ces horreurs, Lyssa, j’aime mieux les fixer sur le ciel.

— Tu parles comme si tu étais déjà presque morte, Dornis ! Pourtant tu es