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le colosse de rhodes

nu. Des estrades, surmontées de velums de pourpre, occupaient la largeur du promontoire. Avant de confier les navires aux vagues perfides, on allait, selon la coutume traditionnelle chère aux Rhodiens, offrir le sacrifice du Quadrige.

Déjà l’étroite esplanade était envahie. Isanor et Namourah venaient d’arriver, portés dans une litière à la façon orientale. Une suite d’esclaves les escortait. Les prêtres de l’Aleïon, les Éperviers et les Aigles, avaient pris place sur une autre estrade ; mais Stasippe n’était point venu. Ces vestiges de barbarie affligeaient son âme pure : tout à l’heure un homme, conduisant le char du Soleil, serait sacrifié pour l’amusement ou la crédulité de la foule. On l’avait choisi parmi les condamnés à mort qui dans les prisons de Rhodes attendaient leur tour de supplice. C’était un vieillard dont le crime avait été de désobéir aux lois du cens. Il se tenait immobile, regardant les flots qui bientôt allaient l’engloutir. Quatre superbes chevaux couleur de feu, attelés à un char d’ivoire semblable à celui que Lysippe avait sculpté et qui était dans le