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le colosse de rhodes

beauté, elle n’avait même pu réussir à arracher de la bouche du jeune mastère une parole douce, un sourire !… Mais elle aurait son heure ; la partie n’était point perdue. Tous les hommes ne se ressemblent-ils pas ? Ne sont-ils pas tous volages, inconstants, infidèles ? Likès, comme les autres, devait se laisser prendre à l’attrait du changement. Elle se répétait cela, rageusement, obstinément, pour guérir la blessure que le récit de Machaon avait faite en elle. Oh ! cette colline de Sambulli, avec son atmosphère embaumée, avec ses orangers, ses lauriers-roses et ses myrtes, cette colline qui était le lieu de prédilection des amants, elle irait s’y promener demain, elle chercherait la place où Likès et sa compagne avaient échangé leur baiser ; elle se roulerait sur l’herbe fanée où leurs corps unis avaient laissé leur empreinte. Là elle verserait des larmes qui la soulageraient sans doute. Aujourd’hui elle ne pouvait pas pleurer.

Quand la jeune esclave syrienne entra, Namourah lui lança dans les mains sa chevelure épaisse, durcie par le fer :