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le colosse de rhodes

puissante. Un moment il fut sur le point de tout raconter à Lyssa. Puis il se retint. À quoi bon donner un aliment à ses craintes ?

— Tu me caches quelque chose ? insista Lyssa doucement. Je sens qu’il y a maintenant un secret entre nous. Je ne connais plus toutes tes pensées. Aurais-tu une tristesse, une préoccupation, dont tu ne veuilles pas me faire part ?

— Aucune, fit Likès en secouant nerveusement la tête ; chasse ces idées absurdes, Lyssa. Je t’aime ; nulle autre femme n’existe pour moi sur la terre. Tu es ma joie de tous les instants.

Il voulut se lever, quitter le petit pavillon. Lyssa, caressante, le retint :

— Reste encore un peu ! On est si bien sur ce tas de lavande sèche, et l’on est tellement certain d’être seuls ! Aucun œil ne peut nous voir, aucune oreille ne peut nous entendre.

Elle se tut, et tous deux s’embrassèrent de nouveau. Mais bientôt Likès sentit Lyssa tressaillir. Dans le fond du jardin, entre les plates-bandes brodées de verveines et de mauves, Stasippe s’avançait lentement, re-