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le colosse de rhodes

« Que la bouche se détende ; que ta poitrine s’apaise ; que tes membres goûtent le repos.

« Voici l’heure où des hauteurs du firmament les blonds Élohims vont descendre ; ils quittent le trône de Jéhovah et se répandent sur la terre.

« La colombe amoureuse a cessé de gémir ; les faons se sont tapis dans les replis de la montagne. Les lions eux-mêmes ont abandonné le milieu du chemin.

« Une seule étoile brille au ciel, et bientôt mille autres s’allument. Sur la voûte d’azur, au-dessus de Balaath, c’est un ruissellement d’étoiles.

« Dors et oublie jusqu’au nom de ta mère, jusqu’au visage de tes fils. Demain tu retrouveras dans ton cœur tes espoirs et tes inquiétudes.

« La vie, c’est le fiel ; et le miel, c’est la douceur de la mort. Repose, en attendant que le tombeau garde tes os. »

Les deux jeunes filles alternaient leurs voix, l’une grave, l’autre grêle et acide. Namourah s’était endormie. Dans la chambre aux tentures épaisses, les dernières