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le colosse de rhodes

propagée comme un feu de joie ; et, lorsque le jeune mastère apparut, il fut salué d’une acclamation formidable. On savait par quel stratagème digne de sa science il avait vengé la mort de Pausistrate et confondu les menées du traître Polyxénidas. La confiance était revenue ; l’humiliation subie était effacée ; et l’orgueil rhodien, cet antique orgueil qui valait le fer des cuirasses, leur apportait de nouveau l’idée qu’ils étaient nés invincibles.

Le soleil tombait à pic sur les flancs du Taureau d’or ; la colonnade des Stoa regorgeait d’une foule tellement compacte que, réduite à l’immobilité, elle donnait l’illusion d’une fresque peinte à grands traits et où toutes les têtes, tous les bras, toutes les épaules tenaient à un corps unique, comme les membres d’une fantastique idole assyrienne. Et, sur la place, autour de Likès triomphant, des chlamydes multicolores, des calasires de soie jaunes et vertes flottaient comme des drapeaux. On le hissa de force sur un char, dont on détela les mules ; et sept fois autour du Taureau d’or on le promena en triomphe. Les jeunes gens s’accro-