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le colosse de rhodes

partout ils avaient mêlé leur âme enivrée à l’âme divine de la nature.

Et Lyssa se disait qu’elle était la plus heureuse de toutes les femmes. Qu’avait-elle fait pour mériter un tel bonheur ? Elle descendait dans son passé, interrogeait son enfance incertaine, son adolescence sans désirs. Tout cela n’existait plus pour elle, tout cela s’effaçait devant l’image resplendissante de Likès. Likès couvrait sa vie, comme à midi le soleil couvre la plaine, dont il fait fuir les mouvantes ombres. Même quand il était loin, elle le sentait près d’elle encore. N’avaient-ils pas échangé tant de baisers que les atomes de leur sang s’étaient confondus, ainsi que l’eau et le vin dans une coupe profonde ? Ils étaient liés par de subtiles et impérissables attaches. Lyssa souriait en se répétant tout bas que nulle force humaine ne pouvait empêcher Likès de refleurir en elle et de l’aimer.

Ce matin elle se rendait à sa rencontre. Elle savait qu’il traversait presque chaque jour le Port des Parfums. C’était sa promenade préférée, lorsqu’il avait beaucoup