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le colosse de rhodes

d’enfance. Ses cheveux bouclés sur son col rond, il avait couru à travers cette cité désolée ; la maison de ses parents, on l’apercevait, tournée vers l’Orient et voilée d’un rideau de mûriers sauvages. Personne n’y habitait plus maintenant, et les hirondelles avaient fait leur nid sur le petit fronton dorique où combattaient deux guerriers. Et Lyssa tout à coup fut prise d’un désir étrange : vivre là avec Likès, détruire, abolir tout ce qui constituait leur vie présente et venir là avec lui s’enfermer comme dans un tombeau. Mais elle sentait bien que c’était un impossible vœu ; — puisque même pour cette unique journée il n’avait pas consenti à la suivre…

Alors elle ne regarda plus rien autour d’elle ; elle marcha droit vers le vieux temple de Bacchus Thionée qui s’érigeait sur le flanc de la montagne ; des colonnes grises, taillées à même le roc, marquaient l’entrée du sanctuaire ; des blocs de pierre, d’une grosseur inégale, déterminaient l’enceinte sacrée. Lyssa se sentit prise d’une grande émotion ; c’était là qu’avec Likès elle avait vécu d’inoubliables heures et que