Page:Bertheroy - Le Colosse de Rhodes.pdf/251

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
241
le colosse de rhodes

Praxitas pénétrait dans le temple. En voyant ce corps de femme allongé sur les parois comme une seconde gerbe étroite, il s’étonna tout d’abord, puis il alla décrocher la lampe qui brûlait devant une des images du dieu. Cette lueur, promenée sur le visage de Lyssa, en fit surgir les charmants contours. C’était à peine si la vie l’avait marqué de quelques traces légères. Son front délicat se voilait de la mousse d’or de ses cheveux ; et sur ses joues l’ombre de ses cils s’allongeait, fine et déliée comme une plume d’oiseau ; les petites ailes de son nez palpitaient et restaient vibrantes, même dans le repos qui immobilisait tous ses traits. Et sa bouche délicieuse, chaste et sensuelle à la fois, sa bouche qui recevait le baiser comme une libation fervente, s’entr’ouvrait à peine, pareille à une fleur demi-éclose.

Le vieux modeleur avait reconnu la petite compagne de Likès et sa joie était sans égale ; son œil d’artiste se délectait à ces lignes pures, à ces couleurs douces et brillantes. Jamais sculpteur ou peintre n’avait orné de plus de beauté le chef-d’œuvre