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le colosse de rhodes

— As-tu regardé son front ? demanda à son tour le vieil artiste.

— Oh ! dit Lyssa ; tous ses traits me sont familiers comme les signes du ciel. Je les connais mieux que ceux de mon propre visage. Le front de Likès est une plaque d’ivoire polie, sur laquelle n’est inscrite aucune épigraphe.

— Et ses yeux ? demanda Praxitas.

— Ses yeux ! ils sont limpides autant que l’eau d’une source dans laquelle trempent deux iris noirs.

— Et sa bouche ?

— Sa bouche ! Ah ! Praxitas, que te dirai-je de sa bouche ? C’est un abîme de joie. C’est une fleur balsamique, plus douce que le fruit du figuier.

Alors Praxitas hocha longuement la tête. Il réfléchissait. Puis, saisi d’une inspiration soudaine :

— Je vais te montrer, dit-il, le portrait de ton amant.

Il chercha parmi les figurines entassées sur une tablette. Dans la glaise encore molle, ses doigts ingénieux et habiles avaient pétri une minuscule statue d’Her-