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le colosse de rhodes

de l’estuaire où le temple étageait ses monuments, ses jardins clos, et son Observatoire dans lequel chaque soir au coucher du soleil les prêtres montaient pour étudier la marche des astres. De temps en temps, un cri, une clameur plus aiguë entrait dans l’Aleïon silencieux ; alors les deux jeunes femmes tressaillaient et échangeaient un regard rapide.

Il y avait trois ans que presque ensemble, elles s’étaient offertes pour le service du dieu. Elles savaient qu’on n’exigerait d’elles ni vœu solennel, ni serment, mais seulement la promesse de veiller fidèlement à l’entretien du trépied sacré. En dehors de cela, elles étaient libres ; elles pouvaient sortir comme leurs compagnes lorsque d’autres les remplaçaient dans leur pieux devoir ; parfois dans les rues de la ville on les voyait passer, rapides et le front voilé, avec cette démarche glissante que donne l’habitude du silence ; mais le plus souvent elles restaient dans le Temple, où elles étaient venues chercher un refuge. Car, parmi ces jeunes Veuves-gardiennes, presque toutes apportaient avec elles quelque