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le colosse de rhodes

— Malheureuse ! répétait Stasippe tout tremblant. Malheureuse !

— Hélas ! ta colère est juste. Tu peux me chasser du Temple et tu auras raison. J’aurais dû, quand j’ai cédé à cet attrait plus fort que ma volonté, aller te trouver et te dire : « J’étais venue ici servir le dieu que l’on doit aimer d’un amour unique. Une autre passion remplit mon être. Laisse-moi reprendre ma liberté. »

Stasippe l’écoutait à peine. Il marchait dans la rotonde étroite, le front baissé, les épaules ployées comme sous un poids trop lourd. Lyssa balbutia encore parmi ses larmes :

— Il est trop tard maintenant. Si je partais d’ici, je ne saurais où réfugier ma vie. Pardonne-moi, Père, pardonne-moi !

Stasippe s’arrêta devant elle :

— Mon pardon ne peut rien ôter à ta faute, et ce n’est pas moi que tu as offensé. C’est contre toi-même que tu as péché le plus gravement. — Tu étais heureuse, tu avais trouvé si jeune encore la paix que toute créature désire comme le suprême bien. Le ciel te livrait chaque nuit le secret de